A
propos du PEI
Non aux
propositions de Paul Giacobbi
Ajaccio le 7 février 2002
L’ANC a pris connaissance avec surprise des
dernières déclarations de Paul Giacobbi concernant les opérations
prioritaires du Programme Exceptionnel d'Investissement (PEI). Sans entrer
d’une part dans les problèmes de concertation en amont et des décisions que
soulève le Président du Conseil Général de Haute-Corse, -quoiqu’en tant
que Président d’une assemblée départementale et membre de l’assemblée de
Corse, on ne comprenne pas pourquoi il n’a pas pu apporter sa contribution-,
et d’autre part en laissant de côté les effets d’annonce qui prouvent, si
on en doutait que les grandes manoeuvres en prévision des élections prochaines
ont bien démarré, certaines prises de position ne manquent pas de nous inquiéter.
En 1996, lors de la discussion
du Plan d’aménagement de la Corse, nous avions pu nous opposer à la volonté
de l’Europe et de l’administration française qui voulaient nous imposer
comme axe prioritaire routier, le développement de la voie Bastia Bonifacio,
alors que l’axe Bastia Ajaccio était délaissé. Le choix de l’axe Bastia
Bonifacio, au demeurant déjà fort bien loti si l’on compare à d’autres
axes routiers de l’île, consistait à entériner la politique du tout
tourisme qui allait permettre aux tours opérateurs européens du Nord de faire
transiter des millions de touristes par cette route à partir de ports italiens
via la Sardaigne et l’Afrique du Nord, ce qui se produit d’ailleurs déjà,
sans grandes retombées pour la Corse, si ce n’est les désagréments du genre
embouteillage de campings-cars. L’Intérieur de la Corse, avec la séparation
entre le Nord et le Sud de l’île, était dès lors considéré comme
secondaire.
Nous avions aussi pour notre
part mis l’accent sur la construction du tunnel de Vizzavona, et sur la réouverture
de la ligne de chemin de fer de la Plaine Orientale.
Mr Paul Giacobbi reprend donc
à son compte les propositions de la DATAR de l’époque, avalisant ainsi des
orientations d’aménagement spatial qui ne sont pas sans rappeler celles du
fameux " schéma de déménagement des Corses " des années
1970, dénoncé à l’époque par tous les nationalistes.
L’ANC ne peut être
d’accord avec Paul Giacobbi, d'autant qu' il suffit de se pencher sur le
schéma de l'eau pour voir nos craintes confirmées. Ses propositions, si elles
étaient retenues ne peuvent qu’aller dans le sens de l’abandon de l’intérieur
et sûrement pas dans le sens d’un rééquilibrage littoral-intérieur en matière
de développement. Pour nous, la revitalisation de l’intérieur doit
demeurer une priorité pour compenser l’urbanisation " sauvage "
qui prévaut depuis des années.
Dans ce genre de débat, les nationalistes se
doivent d’être partisans d’une " discrimination positive "
en matière de choix de développement et d’aménagement, privilégiant
l’intérieur et le rural et non pas le littoral et les villes. C’est un
choix politique qui va dans le sens des intérêts vitaux de la Corse, laquelle
ne peut s’épanouir de façon équilibrée qu’à partir du rural et de
l’intérieur et non pas du littoral comme tendent subrepticement à nous
l’imposer, sous de prétendus impératifs économiques de la modernité,
certains élus et les technocrates de l’administration française, qui eux
s’inquiètent peu des habitants de ce Territoire que sont les Corses et encore
moins de leur avenir ?
Le PEI est censé rattraper le retard
historique de l'ile en matière d'équipements et d'infrastructures et non pas
pour préparer une invasion touristique liée à une politique du tout-tourisme
que les Corses ne peuvent pas controler et qui ne leur laisserait que des
miettes et des nuisances.
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